Aurélia est designer mais aurait aimé être botaniste (ou égyptologue). C’est drôle, car on l’imaginerait très bien avec un chapeau de paille et une blouse blanche, allongée dans un champ de fleurs. Comme Alice sniffant […]

Aurélia est designer mais aurait aimé être botaniste (ou égyptologue). C’est drôle, car on l’imaginerait très bien avec un chapeau de paille et une blouse blanche, allongée dans un champ de fleurs. Comme Alice sniffant […]
Adrien a l’accent du sud. Cette sorte d’ondulation mélodieuse qui vous transporte en Provence sitôt que vous fermez les yeux. Surtout quand il fait beau, comme aujourd’hui. Contrairement à beaucoup de provinciaux malheureux sous le ciel parisien, Adrien semble dans son élément, attablé à cette petite terrasse du XVIIème arrondissement.
« Cœur inquiet ne prospère pas. » Ce proverbe antillais semble avoir été écrit pour notre ami Marc, enfoncé dans le cuir anthracite d’un vieux canapé. Alors que nous préparons notre matériel (d’une complexité que vous imaginez affolante), le garçon nous fixe d’un œil joueur, comme s’il avait hâte d’en découdre. Ça tombe bien, nous aussi. Le micro enfin réglé, nous le tendons vers Marc, dont les lèvres se fendent d’un généreux sourire. Nous sommes déjà conquis.
« Si je ne sors pas, c’est que je suis malade », annonce Thomas, les coudes posés sur ses genoux et les mains croisées. Il émane de ses yeux sombres, encastrés avec assurance dans leur orbite, une sorte de vibration qui fait grésiller notre micro. « Il est mal branché », analyse notre homie en réglant le problème. Thomas est ainsi : spontané, meneur et pressé. Ne lui faisons donc pas perdre son temps, et démarrons l’interview !
Robin porte des petites bottines noisette, un jean brut à la coupe impeccable, une chemise blanche col français. Sa peau, rasée de près, trahit de récentes vacances au soleil, et ses lunettes de probables escapades shopping dans le Marais. Notre homie est un homme stylé. Mais, derrière cette apparence de dandy (pour la définition, cf. notre carnet de visite sur Oscar Wilde), brûle un regard généreux, aux saveurs méditerranéennes ; un regard habitué aux bonnes tables, aux scènes pop-folk et aux feux de la nuit (et de l’amour ?). Rencontre avec un gars simple qui n’aime pas les filles faciles.
Marianne, ses cheveux blonds remontés en chignon, croise et décroise les jambes dans une rythmique horlogère. Peu étonnant pour une Suisse. Encore moins pour une fille Breguet. « J’ai mal au dos », explique-t-elle sans se départir de son sourire. Ce n’est donc pas pour le style. Pourtant, avec ses grands yeux bleus, ses talons de 10 centimètres, son legging en cuir et sa petite veste en tweed, elle serait bien du genre à en faire des tonnes, Marianne. Quand nous apprenons qu’elle vient de Versailles – plutôt drôle avec un tel prénom, non ? –, qu’elle monte à cheval dans un jean de troisième, qu’elle déteste porter des montres et manger du fromage, nous comprenons rapidement que l’adage : « l’habit ne fait pas le moine » sera le fil d’Ariane de notre discussion.
Entre Daniel et notre micro se dresse l’objet du désir : un Sauvignon à la robe ambrée, distillant dans l’air tamisé ses arômes d’agrumes et de cassis. Cette bouteille, Daniel l’a lui-même choisie. « Je m’y connais un peu. Mais si j’avais le temps, je ferais plus de dégustations. » Avec des si, on mettrait Paris en bouteille ! « Dans ce cas, déclare Daniel, un Cheval Blanc 1947 ! » A l’évocation de la capitale, ses yeux se sont allumés. De beaux yeux bleus, cachés derrière d’épais verres de lunettes. « Paris, c’est chez moi », ajoute-t-il en se touchant le cœur. Petit tour du propriétaire.
Assise sur l’arête de sa chaise, prête à s’échapper, Laurine (prénom changé) a la bougeotte. Ses yeux voltigent dans leur orbite, ses genoux tremblotent, les mots sortent en pagaille de son gosier pressé. « Vous êtes trop sérieux ! s’exclame-t-elle soudain, sa chevelure rousse enflammant l’ambiance hydrogénée de notre appartement. Je me croirais en entretien d’embauche ! » Mais c’est un entretien d’embauche, ma petite Laurine ! Tu joues ta place sur le blog d’Homie là ! Nous réajustons notre cravate invisible puis, affublés d’un sourire canaille, démarrons l’interview.
Carole, tapis dans le creux d’un coussin, observe d’un air méfiant le dictaphone. « Il n’est pas méchant. Prends-le si tu veux », dit Marc en lui tendant la bête. La jeune femme ricane nerveusement et avance la main. « Tu vois, il ne mort pas ! » Dehors, une nuée d’oiseaux couvre soudainement le ciel, telle une immense toile de dentelle. Carole tourne ses yeux bleus vers la fenêtre. « J’aimerais bien voler, pour voir Paris du ciel… », murmure-t-elle d’un air rêveur. Espérons que l’interview soit à la hauteur.